La plateforme IMPALA, qui réunit les organisations de labels de musique indépendants en Europe, publie ce jour un rapport d’analyse intitulé Lutter contre l’émergence d’un marché du streaming à 2 vitesses (Combating the Emergence of a Two-Tier Music Streaming Market).
Élaboré avec l’aide de deux experts du secteur, Dan Fowler et Katherine Bassett, ce rapport fait le constat "qu’un large fossé se creuse entre les grands titulaires de droits et les indépendants, sous l'effet de la consolidation du marché, des politiques opaques des plateformes et des nouvelles pratiques de monétisation qui favorisent de plus en plus la taille des acteurs au détriment de la diversité : l'émergence d'une industrie à deux vitesses".
Il dresse 5 grandes recommandations nécessitant une attention immédiate :
Lutter contre la dilution par l'IA et la fraude numérique grâce à une coopération entre acteurs de l’industrie et à la réglementation ;
Réformer les modèles de redistribution du revenu pour garantir un accès équitable de tous les acteurs au marché et aligner les tarifs d'abonnement sur l'inflation ;
Améliorer la transparence des pratiques des plateformes, en particulier concernant les outils de stimulation des écoutes et la démonétisation des contenus ;
Restreindre et inverser la consolidation du marché pour préserver la concurrence et la diversité des acteurs ;
Systématiser la concertation et le partage des études d’impact avec les acteurs de l’industrie avant toute modification du modèle afin d'éviter les dommages involontaires.
Dan Fowler, expert du secteur et coauteur du rapport, commente :
"Dans une époque d'uniformisation culturelle croissante, où l'IA générative met de plus en plus la création inédite en concurrence avec des avatars produits en masse, nous anticipons un avenir où la diversité musicale disparaît du marché."
Dario Draštata, président d'IMPALA, président de l'association régionale RUNDA Adria et directeur exécutif de Dallas Records, déclare :
"Je me réjouis de ce rapport qui reflète la situation actuelle du marché numérique. La démonétisation des contenus est fondamentalement et juridiquement injustifiée. La concentration est un facteur qui nuit à l'évolution du marché et doit être abordée au même titre que les tarifs d'abonnement, la surproductivité et la dilution due à l'IA et à la fraude."
Gee Davy, directrice générale d’AIM (Association of Independent Music), ajoute :
"Une grande partie du secteur indépendant se réunira cette semaine à l'occasion de l'IndieWeek à New York et ce rapport alimentera nos discussions. Les effets néfastes liés aux seuils et à la démonétisation de nombreux artistes sont désormais connus. Le streaming, malgré toutes ses promesses de démocratisation, produit dans certains cas l'effet inverse : il retire des revenus à ceux qui en ont le plus besoin pour les redistribuer à l'élite. La surproductivité, la dilution et la fraude doivent être combattues, mais pas au détriment de la musique émergente, diversifiée et de niche."
Mark Kitcatt, propriétaire d'Everlasting Records et de Popstock Distribuciones, poursuit :
"Lorsqu’IMPALA a adopté son premier plan de réforme du streaming musical, nous ne nous attendions pas à ce que les experts le considèrent comme un ensemble d'indicateurs de performance, mais c'est tout à fait logique. Un marché de la diffusion en continu à 2 vitesses nuit à la diversité et dévalorise le travail créatif. Il est urgent d'agir."
Helen Smith, présidente exécutive d'IMPALA, a conclu :
"La question du pouvoir de marché apparaît très clairement dans ce rapport comme une cause sous-jacente de bon nombre des problèmes que nous constatons sur le marché du streaming musical. Nous sommes d'accord avec la recommandation selon laquelle il convient de limiter, voire d'inverser, les phénomènes de concentration qui refont surface."
Retrouvez le rapport (en anglais) ici.