Au cours des dernières semaines, IMPALA a consulté ses membres sur la question de la valeur issue des plateformes relevant de l'« économie du moment » tels que TikTok, ainsi que sur l'impact des récentes réformes proposées par Deezer, Spotify et Apple, avec pour objectif principal de combler les écarts de valeur existants (value gaps) et de veiller à ce que n’en soient pas créés de nouveaux.
Il y a trois ans déjà, IMPALA avait souligné la nécessité pour les plateformes relevant de l'économie du moment de collaborer avec la communauté musicale indépendante afin d’obtenir des conditions de licence équitables. Les règles de l'UE en matière d'intelligence artificielle sont également à l'ordre du jour, de même que la vision qu'ont les indépendants du rôle que jouent ces plateformes aujourd'hui.
Helen Smith, directrice générale d'IMPALA, déclare : « TikTok et les autres services de l'économie du moment sont des partenaires essentiels et jouent un rôle fondamental et passionnant dans notre écosystème musical. Le cadre présidant à l'octroi de licences est cependant clair : les services ont besoin d'une autorisation pour utiliser de la musique, y compris les contenus inspirés par des œuvres existantes et ou produits grâce à l'IA. Le nouveau cadre réglementant l’usage de l'IA en Europe contribue également à établir des lignes directrices centrées sur l'humain ».
Mark Kitcatt, président du groupe de travail d’IMPALA sur la réforme du streaming, poursuit : « Comme indiqué dans notre streaming plan, il est urgent de garantir des revenus équitables en provenance de ces plateformes. Dans cette optique, le Conseil d'administration d'IMPALA soutient la position d'UMG sur TikTok quant à la valorisation de la musique. La communauté indépendante a adopté une approche similaire à plusieurs reprises au fil des ans, avec d'autres services, de MTV à Apple en passant par YouTube. Nous rejetons également les arguments assimilant l'utilisation de musique sur TikTok à de la promotion. Il existe un énorme écart de valeur qui doit être comblé mais, au-delà de cela, il convient d'explorer de nouvelles façons de générer et de partager les revenus ».
Dan Waite, président de la commission numérique d'IMPALA, ajoute : « TikTok est à un moment charnière s’agissant du renouvellement de ses accords de licence, puisqu’il a l’opportunité de montrer qu'il accorde une valeur équitable à la musique. Cette utilisation de la musique doit être rémunérée comme n'importe quelle autre. La question de la promotion n'est pas pertinente. Nous souhaitons que les labels indépendants, les titulaires de droits et les artistes perçoivent une rémunération équitable pour l'utilisation qu'ils font de la musique, et qu'ils bénéficient de conditions tout aussi favorables que celles des grandes maisons de disques. En travaillant ensemble, il est possible de mieux rémunérer l’ensemble des labels et des artistes. Nous demandons instamment à TikTok et aux autres plateformes similaires de respecter ce principe dans tous les domaines. »
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IMPALA considère également comme une priorité la lutte contre la manipulation et la dilution des revenus dans le streaming musical et soutient les plateformes qui innovent dans ce domaine. La manipulation des écoutes est devenue un sujet central dans l’industrie, avec la signature d’un code de bonnes pratiques en 2019, puis la publication, par IMPALA, de guidelines. Certaines plateformes se sont par ailleurs associées à des distributeurs indépendants dans le cadre de l’initiative Music Fights Fraud Alliance. Enfin, les membres d'IMPALA apprécient que Deezer et Spotify aient adressé ce sujet dans le cadre de leurs réformes respectives.
Dans le même temps, les membres d'IMPALA issus de 32 pays réitèrent leur appel à plus de coopération pour résoudre les conséquences négatives involontaires que subit la musique indépendante du fait des récentes réformes du modèle de rémunération proposées par Deezer, Spotify et Apple, estimant que des ajustements éviteraient de pénaliser les artistes émergents, en développement ou de niche, ainsi que les genres peu prisés, les territoires plus petits et les langues moins répandues.
IMPALA demande que tout changement dans la manière dont les revenus sont alloués soit correctement évalué par les services en termes d'impact sur l'ensemble du marché. Et que, en règle générale, les plateformes consultent leurs partenaires indépendants préalablement à toute réforme.
Dario Drastata, président d'IMPALA et de l'association des Balkans RUNDA, commente : « IMPALA soutient toute réforme faite en coopération avec le secteur, dans une optique durable et favorable à la diversité. Nous recherchons des solutions urgentes pour lutter contre la manipulation et la dilution des revenus. Nous devons également nous assurer que les propositions sont équitables et espérons que le récent accord entre Merlin et Deezer contribuera à cet objectif. C'est la seule façon de créer un écosystème durable. Nous pensons, par exemple, qu'il existe des solutions simples aux problèmes posés par les seuils et souhaitons poursuivre nos discussions constructives avec les plateformes afin d'explorer des alternatives. En apportant les bonnes réponses, nous pourrons créer des opportunités sur les marchés clef et dans plusieurs langues. »
En outre, l'utilisation de courtes vidéos sur les réseaux sociaux continue de croître de manière exponentielle, générant une augmentation considérable des revenus pour des plateformes telles que TikTok. Dans le même temps, l’inquiétude quant à la manière dont TikTok assume ses responsabilités à l'égard de l’industrie, des artistes et de ses abonnés ne cesse de croître dans le monde entier. TikTok est purement et simplement interdit en Inde depuis 2020. Le mois dernier, la Commission européenne a ouvert une procédure formelle à son encontre au titre du Digital Services Act, au motif notamment de la diffusion des contenus illégaux et préjudiciables. Aux États-Unis, une motion a été déposée pour obliger ByteDance à vendre TikTok et des initiatives similaires sont attendues en Europe.
Les membres d'IMPALA reconnaissent l’apport des réseaux sociaux à la relation entre les artistes et leurs fans. La musique contribue de manière importante à la valeur de ces plateformes. À cet égard, la valeur de la musique doit être respectée et il est dans l'intérêt de tous de travailler ensemble pour maintenir et améliorer cette valeur. IMPALA soutient la position d'UMG à cet égard et note qu'il s'agit d'une question qui concerne l'ensemble du secteur.
Les travaux sur le streaming et, plus largement, les entreprises du numériques constituent une priorité absolue pour IMPALA. Helen Smith conclut : « Le travail d'IMPALA est vital pour l'économie musicale européenne. Les indépendants représentent plus de 80% des nouvelles sorties et des emplois du secteur, offrant ainsi des opportunités stables et passionnantes aux artistes, aux fans et aux professionnels de la musique dans toute l'Europe. »
Retrouvez le communiqué en anglais sur le site d’IMPALA :